Success story: Olivier Talon, Le Perchoir

Multi-entrepreneur dans le monde de l’événementiel et de la restauration, en quête perpétuelle de création de contenu artistique, musical, et culinaire, Le créateur d’ambiance, Olivier Talon, se confie pour GENIUS sur sa démarche entrepreneuriale à succès autour des fameux établissements branchés, Le Perchoir, devenu des lieux de fréquentation incontournables à Paris. Avec simplicité et pragmatisme, il revient sur son parcours, la création de sa boite et ses projets.

POUVEZ VOUS BROSSER UN PORTRAIT DE VOTRE ENTREPRISE?

Le Perchoir est une entreprise que nous avons crée en 2012 avec mes quatre associés. Le concept était de se réaproprier les toits de Paris, un espace encore inexploité (ou seulement par des établissements de luxe, donc peu accessibles). La première ouverture s’est faite en juin 2013 à Ménilmontant. Même s’il passe d’une simple guinguette au départ, le succès fut immédiat. Nous avons décidé d’aller plus loin: au concept de bar au cadre insolite s’ajoute une atmosphère et une identité unique. Le Perchoir Ménilmontant, par exemple, contient une expérience bar, mais aussi son restaurant et son club. L’idée est d’en prolonger l’expérience. En 2014 nous ouvrons La Passerelle à Boulogne (revendu depuis), puis le Perchoir du Marais. Ici encore nous exploitons et nous mettons en avant les toits de Paris.

L’aventure continue, puisqu’en 2015 un lieu d’ouverture du Pavillon du Lac aux Buttes Chaumont, très bel endroit: Nous sortons alors du concept du Rooftop pour nous spécialiser dans l’exploitation d’endroits atypiques à Paris. En 2016 ouvre Le perchoir de l’Est.

Parallèlement à cela nous développons nos RSE et nous tentons de donner une tonalité éco-responsable à nos établissements, en précisant notamment des expériences artisanales plus qualitatives.

Enfin, notre dernier établissement ouvre en 2020 à la porte de Versailles. C’est le plus grand Perchoir avec plus de 1500 m / 2. Nous avons d’ailleurs la chance d’être à côté de la plus grande ferme urbaine du monde ce qui nous permet d’être leur premier destinataire. Comme je l’ai dis, nous avons vraiment la volonté de nous inclure dans une démarche éco-responsable (ce qui demande par ailleurs de changer tout le processus de fonctionnement et des fournisseurs), cela s’est concrétisé notamment avec l’obtation du label prix Éco-table que nous avons reçu.

A côté de cette activité nous avons monté plusieurs entreprises satellites: notre société d’événementiel Là-Haut ou nous travaillons en collaboration avec des marques telles que LV ou encore ELLE. Et nous avons aussi notre propre centrale d’achat qui nous permet de mieux acheter et de personnaliser nos produits, tels que les goodies des cocktails par exemple: nous avons ainsi nos propres sirops, fruits séchés,… Enfin nous avons racheté un site: louerunlieu. com qui aide les particuliers et professionnels à trouver un lieu atypique pour un événement.

Le Perchoir voyage aussi car nous couvrons de nombreux événements comme le festival de Canne ou des Arcs, car on considère nos lieux comme des lieux de vie. On s’est ainsi dirigé de plus en plus vers le mécénat à travers l’exposition d’artistes, de prix littéraires, de musiciens et la production d’albums de musique.

QUELLE A ÉTÉ VOTRE FORMATION? RACONTEZ-NOUS VOS PREMIERS PAS DANS LE MONDE DU TRAVAIL?

J’ai fait mes études à NEOMA, en parcours CESEM, programme qui permettait de partir à l’étranger. J’ai eu ainsi la chance de partir au Mexique puis d’enchainer sur Hong-kong pour débuter ma vie professionnelle. Après mes études, en 2010, je me suis d’abord dirigé vers la Haute horlogerie en tant que vendeur de montres. (ndlr: Olivier Talon représente aujourd’hui la Fondation de la Haute horlogerie de Genève en France). Puis j’ai dirigé une boutique d’horlogerie à Hong-kong avant de quitter ce monde, en 2012, pour fonder le Perchoir, nouveau défi entrepreneurial.

POURQUOI ET COMMENT AVOIR PRIS LA DÉCISION DE VOUS LANCER DANS L’ENTREPRENEURIAT?

Après quatre ans de salariat, j’ai ressenti le besoin de m’émanciper, et de travailler en association. Le Perchoir c’est familial. J’avais envie de gagner ma liberté. J’ai compris que le salariat n’était pas fait pour moi, bien que ce fut une école enrichissante.

Je me suis lancé car je croyais au projet du Perchoir, cela correspondait à ce que j’avais vu à l’étranger, au Mexique notamment et à Hong-Kong, où les toits sont monnaie courante.

VOUS ÊTES-VOUS LANCÉ SEUL OU AVEC UN / DES ASSOCIÉS? ET POURQUOI CE CHOIX?

On est une entreprise avant tout amicale et familiale avec tout ce que cela comporte comme avantages et inconvénients. Par avantage j’entends qu’on entreprend plus sereinement, car on est entouré et que se lancer dans une entreprise à plusieurs comporte aussi son côté fun. Les réussites ne sont que plus belles quand elle sont partagées, tout comme les problèmes, dont la peine se divise.

Mais il faut bien faire attention à ce que chaque associé ait sa place, et se sente utile dans son domaine. C’est un équilibre à trouver, en constante évolution.

POUVEZ VOUS NOUS DÉCRIRE LA JOURNÉE TYPE D’UN ENTREPRENEUR COMME VOUS?

Si seulement il y avait une journée type! C’est simple: levé tôt, couché tard. Nos établissements sont ouverts le soir et la nuit, donc on est mobilisé et on se tient prêt en permanence. En plus, c’est un milieu dans lequel il faut toujours être très alerte, car plus que je gère principalement la partie management de notre entreprise.

QUELLES SONT LES TROIS QUALITÉS ESSENTIELLES QU’UN ENTREPRENEUR DOIT AVOIR SELON VOUS?

Persévérance pour faire aboutir un projet qui demande du travail et de l’acharnement, audace, et surtout humanité avec les équipes que l’on gère.

AVEC LE RECUL, QU’EST-CE QU’UNE BONNE IDÉE?

Je pense qu’une idée, pour être bonne, ne doit pas forcément sortir de l’ordinaire, car il faut souvent un marché au préalable. Je pense surtout qu’une bonne idée est menée par des gens qui en ont les qualités. Nous on a toujours été de très bons clients de restaurant, Le Perchoir allait alors de soi. Il ya toujours une part de risque, c’est pour ça que l’audace et la persévérance sont nécessaires.

VOUS PARLEZ DU «RISQUE», ÉLÉMENT ESSENTIEL ET REDOUTABLE DANS L’ENTREPRENEURIAT, COMMENT L’AVEZ-VOUS APPRÉHENDÉ?

Oui il y a du risque: j’ai mis en jeu mon poste de directeur des ventes, alors que je gagnais très bien ma vie. Chaque entrepreneur en se lançant rencontre en péril une situation de confort. Mais dans mon je m’assurais finalement une grande stabilité: ma famille, un background international que j’avais accumulé au fil de mes expériences, la jeunesse et la possibilité de rebondir rapidement si ca ne marchait par. Réussir à entreprendre c’est de la chance, certes, mais sur la cause. Je savais pour ma part que c’était maintenant ou jamais.

QUAND EST-CE QU’EST NÉE VOTRE VOCATION POUR L’ENTREPRENEURIAT?

Je viens d’une famille d’entrepreneurs, donc même si je ne dirais pas que c’était une vocation pour moi, je baigne dans un milieu connu. D’où le fait peut-être d’avoir entrepris aussi tôt….

NEOMA AT-ELLE EU UN IMPACT SUR VOTRE CARRIÈRE ENTREPRENEURIALE?

Faire NEOMA a été d’une grande utilité pour développer l’aspect international que je voulais donner à ma carrière, et je pense que c’est pour cela que je n’ai pas eu peur de repartir à l’étranger après. J’y ai appris les langues notamment. Mais finalement au-delà du contenu théorique, ce qui m’a marqué c’est surtout la chance d’avoir pu découvrir une culture durant deux et dans un environnement éloigné du mien.

D’ailleurs je dirais même que partir à l’étranger à eu un impact sur ma prise de risque. J’ai développé une forte ouverture d’esprit et je suis conforté dans l’idée que j’étais quelqu’un qui courrait après l’aventure.

COMMENTAIRE GÈRE-T-ON LA PLACE DE CHEF D’ENTREPRISE ET L’ASPECT MULTI-TACHES QUI VA AVEC?

Le maitre mot serait, selon moi, la crédibilité! Il faut être crédible, y croire, mener, être à l’écoute, et surtout ne pas avoir peur d’embaucher plus fort que soi. Cela demande entre autre la capacité de se mettre en retrait et de faire confiance aux personnes plus vérifié dans certains domaines en interne. Enfin je dirais qu’il faut fédérer autour d’un projet auquel on croit. Etre entrepreneur c’est être créateur des conditions de son succès.

«IL FAUT ÊTRE CRÉDIBLE, Y CROIRE, MENER, ÊTRE À L’ÉCOUTE, ET SURTOUT NE PAS AVOIR PEUR D’EMBAUCHER PLUS FORT QUE SOI. »

AVEZ-VOUS EU UN MENTOR OU UN MODÈLE QUI VOUS AURAIT POUSSÉ À ENTREPRENDRE?

Ma famille.

AUJOURD’HUI LE CONCEPT ROOFTOP SE DEVELOPPE DE PLUS EN PLUS, QU’EST-CE QUI PEUT VOUS DIFFÉRENCIER DE VOS CONCURRENTS?

Nous sommes notre propre marque, les gens disent qu’ils vont au perchoir et pas au bar, au resto ou sur un rooftop. On a réussi à développer une identité, un ADN Le Perchoir, qui s’est ancré chez nos consommateurs. On a aussi développé notre communication autour de l’aspect festif, décontracté mais sophistiqué de nos lieux.

Quand on va au perchoir, on sait que c’est pour y passer un bon moment.

Aujourd’hui on produit aussi nos alcools, notre Gin par exemple, et on tend à mettre l’accent sur ce côté artisanal et responsable, en augmentant la qualité de nos produits (provenant de France).

QUELS ONT ÉTÉ LES OBSTACLES MAJEURS QUE VOUS AVEZ PU RENCONTRER LORS DE LA CRÉATION DE VOTRE ENTREPRISE?

On rencontre toujours pas mal d’obstacles pour entreprend, cela fait aussi partie de la prise de risque dont on parlait tout à l’heure, mais si je devais en retenir quelques uns j’évoquerais d’abord la conception de nos lieux de prestation , qui sont toujours complexes et difficile à trouver à Paris. Si le concept du rooftop est très attractif, il comporte énormément de normes de sécurité, juridiques et techniques pour pouvoir être réalisable. Par exemple, le Perchoir de l’Est est un établissement éphémère que l’on ouvre seulement l’été car il est installé sur un monument historique et on ne peut pas le laisser toute l’année. On est d’ailleurs très fréquemment visité par d’autres boites à ce sujet, aujourd’hui, comme nous avons été un peu les initiateurs de cette tendance.

Un autre obstacle auquel on a du faire face, c’est qu’on ne venait ni du monde du bar, ni de la restauration et qu’on n’avait finalement aucune «légitimité». On a du la construire, et faire confiance à nos gouts de clients, notre instinct…

Enfin, sur un apprendre à structurer notre entreprise et faire en sorte que la marque se développe sans être un simple effet de mode. Plus le chiffre d’affaires augmente, plus les compétences sont requises. C’est pour cela que ma collaboration avec mes quatre associés était bénéfique, car complémentaire.

QUEL MOMENT VOUS ÊTES VOUS DIT QUE VOUS AVIEZ RÉUSSI?

Je ne me le dis toujours pas. Surtout quand on voit ce qui se passe en ce moment. Rien n’est jamais acquis.

DES PROJETS POUR LA SUITE?

Avec la situation actuelle, on se concentre surtout sur le présent. On a eu de la chance de pouvoir ouvrir cet été et de profiter de cette période pour remettre sur pied tout le processus interne de la boite. Ce fut aussi le temps de beaucoup de remises en question, et de la mise en place d’un nouvel outil de com ‘en interne afin de fidéliser nos équipes. Enfin, il faut le dire,on a été soutenu par l’État français, et sans les aides je ne sais pas où on en serait.

Quant aux projets futurs on se concentre sur un développement à international et en province… En ciblant des lieux pas forcement très connus (beach club? Maroc?). Mais pour l’instant il faut surtout se remettre sur pied!

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